Les rêves dansants

Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch. (documentaire allemand d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann, 2010.)

En 2007, quelques mois avant sa mort, la grande chorégraphe Pina Bausch reprend, avec des adolescents qui n’ont jamais dansé, sa pièce Kontakthof, qu’elle avait créée en 1978 avec des professionnels. Ce sont deux anciennes danseuses, ayant participé au spectacle d’origine, qui se chargent de faire travailler les jeunes artistes amateurs, Pina ne participant que de temps en temps aux répétitions.

La ferveur avec laquelle cette troupe juvénile, entre maladresse et maîtrise laborieusement conquise, trac et enthousiasme, s’empare du spectacle, vient surtout de ce que c’est du rapport au corps et des hésitations du contact charnel, que traite la pièce, et que c’est précisément à ce stade de leur vie, à la fois angoissant et exaltant, que se trouvent eux-mêmes les jeunes interprètes. Aussi les anecdotes qu’ils s’échangent durant les pauses, rejoignent-elles le contenu même de ce qu’ils ont à jouer, de même, d’ailleurs, que, plus profondément, le spectacle s’enrichit peu à peu de l’expérience que tous, malgré leur âge encore tendre, ont déjà accumulée (mort accidentelle du père, conflit bosniaque…). Et il est extrêmement émouvant de voir Pina Bausch, à la fin du film, sur la musique du Troisième homme, embrasser chacun des membres de cette troupe de lycéens en lui offrant une rose.

            Claude